Monsieur le Conseiller Culturel Adjoint, Mesdames, Messieurs,
Nous ne pouvons commencer cette commission sans rendre, tout d’abord, un hommage, plein et entier, à notre collègue Samuel PATY.
L’assassinat de ce professeur, outre l’immense émotion qu’il a suscitée, renvoie par ailleurs à la question de la sécurité de la communauté éducative. L’inquiétude vient désormais s’ajouter à une situation qui est, depuis la rentrée et dans tout le réseau des écoles AEFE du Maroc, oppressante : les exigences à l’égard des enseignants ne cessent d’augmenter.
Les personnels assurent leur mission avec toute la conscience professionnelle qui incombe à leur fonction mais ils sont de plus en plus contraints d’accepter des situations sans cesse « justifiées » par la crise sanitaire. La liste est longue.
- Ainsi les collègues continuent-ils à utiliser leur matériel personnel à des fins professionnelles sans qu’aucune compensation financière ne leur soit proposée.
- Le travail à distance et sa préparation représente sans conteste une surcharge de travail qui vient s’ajouter aux heures des cours en présentiel.
- La FSU tient à attirer votre attention sur la situation de la formation continue car celle-ci se déroule de plus en plus entre temps synchrone et asynchrone, sur un temps supposé libre mais il s’agit en réalité que d’un temps hors présence d’élèves. Est-ce utile de rappeler que les enseignants ont droit à un temps de formation qui n’empiète pas sur les temps de préparation de cours, de correction ou libre, de surcroît dans un contexte stressant de crise sanitaire ?
- La liberté pédagogique et la reconnaissance de l’expertise professionnelle des enseignants sont parfois bafouées afin de répondre à des injonctions ne relevant aucunement de l’intérêt des élèves.
- L’utilisation de caméras dans les classes s e r a i t u ne rupture de n o t r e contrat de confiance, un principe sur lequel nous ne transigerons pas et une ligne rouge à ne pas franchir.
- Dans le premier degré, faute de vacataires-remplaçants, les personnels sont amenés à remplacer « bénévolement » les collègues absents. Et on annonce de nouvelles suppressions de postes de résidents pour la rentrée prochaine...
Nous tirons encore une fois le signal d’alarme de ces suppressions de postes et posons clairement la question, où va-t-on ?
Aujourd’hui, l’AEFE subit la comparaison avec les établissements partenaires qu’elle a elle-même aidé à créer parfois, qu’elle a encouragés contre toute logique ; comment l’opérateur public peut-il à ce point se mettre en danger en organisant sa propre concurrence ? Ces établissements, présentés comme le nouveau modèle de l’enseignement français à l’étranger ne respectent en rien les conditions de travail des personnels, et sont, en temps de crise, demandeurs et preneurs de l’argent public sans contrepartie. Il convient donc de revenir aux valeurs de l’enseignement français dans le respect, des droits, des devoirs de chacun et dans un accompagnement pédagogique de qualité et sécurisant pour les élèves. Dans cette optique, le respect des instances doit être maintenu, comme cela est prévu par les circulaires, et ce serait une grave erreur de sous-estimer le ressenti des personnels et leur potentiel de mobilisation si cela est exacerbé.
Sur un autre point, si la FSU se réjouit du respect de l’engagement pris et tenu par le président du CA de l’agence concernant l’envoi de la lettre de remerciements aux personnels, nous regrettons en revanche la récente déclaration de notre ministre de l’Education Nationale sur notre syndicat. La FSU est indépendante de tout parti politique. Elle tire sa légitimité de sa place dans le paysage syndical du second degré en étant la première organisation syndicale en nombre d’adhérents et en arrivant en tête aux élections professionnelles. Ses adhérents viennent d’horizons divers. En les assimilant à l’ultragauche et à l’extrême-gauche, le ministre de l’Education nationale commet un grave contre-sens qui montre, soit sa méconnaissance du fonctionnement d’une organisation syndicale, soit sa volonté de ne pas s’embarrasser de toute rigueur de raisonnement. Nous continuerons à exiger du Ministre de faire preuve de responsabilité et nous tenons aux excuses publiques. Nous notons, par ailleurs, que même si nous n’avons pas reçu de réponse au courrier remis à Monsieur le Ministre du MEAE, Monsieur LE DRIAN, lors de sa visite au Maroc, les éléments sont clairs lors des récentes prises de parole : on reconnaît aux personnels le droit aux vacances et à la visite de leur famille en France. Enfin, nous reposons une fois de plus la question qui est jusque-là restée en suspens : celle de la structure médicale qui doit prendre en charge les personnels touchés par la Covid. Les syndicats de la FSU sont conscients que la situation de crise sanitaire met à rude épreuve tous les personnels, toute catégorie confondue, et tiennent à les assurer de leur vigilance sur le respect de leurs droits.
Nous vous remercions pour votre attention !